I Je remercie les organisateurs de cette manifestation hautement symbolique de la relation d’exception entre la Chine et la France. D’abord Monsieur Qu Xing, Président de l’Institut chinois des relations internationales et, bien sûr, Monsieur Jacques Godfrain, Président de la Fondation Charles de Gaulle et toute son équipe.
1- La déclaration du Général de Gaulle du 31 janvier 1964 qui suit le communiqué publié le 27 janvier envisageant le rétablissement de relations diplomatiques normales entre la Chine et la France révèle un visionnaire, capable d’embrasser l’Histoire longue et d’entrer dans la psychologie du peuple chinois après « un siècle d’humiliations et de démembrements » qui a conduit à la Révolution.
2- Charles de Gaulle manifeste d’emblée la très haute estime qu’il nourrit pour « un peuple fier résolu à s’élever dans tous les cas, à travers le courage et l’ingéniosité qu’il est capable de prodiguer ». Sa déclaration témoigne de l’empathie qu’il éprouve à l’égard de la Chine et particulièrement des affinités qu’il relève entre les deux nations « pour ce qui concerne les choses de l’esprit ». Elle souligne la sympathie et la considération réciproques que les deux nations se portent dans leurs profondeurs. D’où l’idée bien marquée par M Chen de favoriser les « passeurs » entre nos deux civilisations.
1- La déclaration du Général de Gaulle du 31 janvier 1964 qui suit le communiqué publié le 27 janvier envisageant le rétablissement de relations diplomatiques normales entre la Chine et la France révèle un visionnaire, capable d’embrasser l’Histoire longue et d’entrer dans la psychologie du peuple chinois après « un siècle d’humiliations et de démembrements » qui a conduit à la Révolution.
2- Charles de Gaulle manifeste d’emblée la très haute estime qu’il nourrit pour « un peuple fier résolu à s’élever dans tous les cas, à travers le courage et l’ingéniosité qu’il est capable de prodiguer ». Sa déclaration témoigne de l’empathie qu’il éprouve à l’égard de la Chine et particulièrement des affinités qu’il relève entre les deux nations « pour ce qui concerne les choses de l’esprit ». Elle souligne la sympathie et la considération réciproques que les deux nations se portent dans leurs profondeurs. D’où l’idée bien marquée par M Chen de favoriser les « passeurs » entre nos deux civilisations.
3- En troisième lieu, la déclaration du général de Gaulle est empreinte d’un puissant réalisme, nourri aux sources de l’évidence et la raison car « il n’y a aucune réalité politique en Asie qui n’intéresse la Chine, ni guerre ni paix sans qu’elle y soit impliquée. »
4- Enfin à travers les rapports de peuple à peuple, il s’agit de « servir la cause des Hommes », faire qu’ils se rencontrent un peu moins tard au rendez-vous de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Saurions-nous aujourd’hui nous projeter dans l’avenir avec la même capacité d’anticipation qu’il y a cinquante ans le Général de Gaulle ?
II 1- Un demi-siècle après le rétablissement de nos relations diplomatiques, la Chine est devenue une puissance économique et politique majeure, non plus seulement en Asie mais dans le monde.
2- Le développement de la Chine pour reprendre la place qui était la sienne depuis toujours jusqu’au début du 19ème siècle est légitime. Mais elle ne doit pas conduire à un monde d’affrontements et de confrontations, danger qu’avait bien vu Deng Xiaoping, il y a trente ans. La relation entre la Chine et les Etats-Unis structure déjà la vie politique internationale.
3- La France, nation politique avant tout, ainsi que l’avait définie Karl Marx, peut y aider en organisant une « Europe européenne » pour reprendre une expression du Général de Gaulle, de la Méditerranée à la Russie, une Europe pacifique qui soit à la fois une référence et un pôle dans le monde de demain.
Dans cette Europe, les nations et par conséquent la France auront toute leur place.
4- Les affinités de la Chine et de la France pour les choses de l’esprit seront un trait d’union entre nos deux continents. Elles peuvent aider à la création d’un modèle chinois attractif et original et parallèlement le maintien et la rénovation d’un modèle républicain français auquel nous sommes attachés.
III Les tâches de l’avenir
Entre valeurs individuelles et valeurs collectives, la démocratie doit trouver son équilibre. Ce peut être l’œuvre commune des générations qui viennent.
1- Il y a d’immenses champs de coopération entre la France et la Chine :
a) Le décollage économique de l’Afrique où nos capacités conjuguées peuvent aider les peuples africains à se prendre en mains. Du point de vue de l’Afrique où nous nous plaçons, la Chine n’est pas une menace. Elle peut être et doit être un atout.
b) Dans le monde musulman, ensemble aider les peuples en respectant leur authenticité et en refusant toute ingérence à construire un Islam compatible avec le monde moderne, les aider à séparer le bon grain de l’Islam de l’ivraie de l’islamisme radical, terreau du djihadisme.
c) La science et la technologie, ce qu’avait déjà bien vu le Général de gaulle : je citerai : l’espace, l’aéronautique, le nucléaire du futur, les transports, les infrastructures, les biotechnologies…
2- Un développement économique équilibré passe par une amélioration de l’offre française. Les entreprises sont le principal soutien de la coopération franco-chinoise. Il y a beaucoup à faire dans des domaines comme l’agroalimentaire, la santé, les services urbains, l’efficacité énergétique, les transports urbains et bien d’autres domaines qui peuvent concourir à la qualité de la vie.
3- Enfin et surtout le souci de la paix doit nous réunir. La France et la Chine sont membres permanents du Conseil de sécurité des nations Unies, elles respectent la charte des Nations Unies. L’ « Europe européenne » doit contribuer au dialogue des cultures, éviter le heurt frontal des luttes d’hégémonie. Ne pas renouveler les erreurs d’avant 1914 : la mondialisation d’aujourd’hui comme celle d’hier induit en effet une modification rapide de la hiérarchie des puissances. Mais celle-ci doit être gérée avec prudence. Pour cela il ne faut pas seulement « donner du temps au temps », selon la formule de François Mitterrand mais surtout se parler continûment, éviter les incompréhensions et les malentendus et, en toutes choses rechercher l’intérêt mutuel.
A cela deux conditions : faire en sorte que le monde s’organise sur un mode multipolaire et non plus bipolaire, mais multipolaire ordonné. Nous ne devons pas ressusciter la politique des blocs ou une nouvelle guerre froide mais tempérer la compétition normale jusqu’à un certain point, par un nouvel humanisme ce que le général de Gaulle appelait justement « la cause des hommes ».
4- Enfin à travers les rapports de peuple à peuple, il s’agit de « servir la cause des Hommes », faire qu’ils se rencontrent un peu moins tard au rendez-vous de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
Saurions-nous aujourd’hui nous projeter dans l’avenir avec la même capacité d’anticipation qu’il y a cinquante ans le Général de Gaulle ?
II 1- Un demi-siècle après le rétablissement de nos relations diplomatiques, la Chine est devenue une puissance économique et politique majeure, non plus seulement en Asie mais dans le monde.
2- Le développement de la Chine pour reprendre la place qui était la sienne depuis toujours jusqu’au début du 19ème siècle est légitime. Mais elle ne doit pas conduire à un monde d’affrontements et de confrontations, danger qu’avait bien vu Deng Xiaoping, il y a trente ans. La relation entre la Chine et les Etats-Unis structure déjà la vie politique internationale.
3- La France, nation politique avant tout, ainsi que l’avait définie Karl Marx, peut y aider en organisant une « Europe européenne » pour reprendre une expression du Général de Gaulle, de la Méditerranée à la Russie, une Europe pacifique qui soit à la fois une référence et un pôle dans le monde de demain.
Dans cette Europe, les nations et par conséquent la France auront toute leur place.
4- Les affinités de la Chine et de la France pour les choses de l’esprit seront un trait d’union entre nos deux continents. Elles peuvent aider à la création d’un modèle chinois attractif et original et parallèlement le maintien et la rénovation d’un modèle républicain français auquel nous sommes attachés.
III Les tâches de l’avenir
Entre valeurs individuelles et valeurs collectives, la démocratie doit trouver son équilibre. Ce peut être l’œuvre commune des générations qui viennent.
1- Il y a d’immenses champs de coopération entre la France et la Chine :
a) Le décollage économique de l’Afrique où nos capacités conjuguées peuvent aider les peuples africains à se prendre en mains. Du point de vue de l’Afrique où nous nous plaçons, la Chine n’est pas une menace. Elle peut être et doit être un atout.
b) Dans le monde musulman, ensemble aider les peuples en respectant leur authenticité et en refusant toute ingérence à construire un Islam compatible avec le monde moderne, les aider à séparer le bon grain de l’Islam de l’ivraie de l’islamisme radical, terreau du djihadisme.
c) La science et la technologie, ce qu’avait déjà bien vu le Général de gaulle : je citerai : l’espace, l’aéronautique, le nucléaire du futur, les transports, les infrastructures, les biotechnologies…
2- Un développement économique équilibré passe par une amélioration de l’offre française. Les entreprises sont le principal soutien de la coopération franco-chinoise. Il y a beaucoup à faire dans des domaines comme l’agroalimentaire, la santé, les services urbains, l’efficacité énergétique, les transports urbains et bien d’autres domaines qui peuvent concourir à la qualité de la vie.
3- Enfin et surtout le souci de la paix doit nous réunir. La France et la Chine sont membres permanents du Conseil de sécurité des nations Unies, elles respectent la charte des Nations Unies. L’ « Europe européenne » doit contribuer au dialogue des cultures, éviter le heurt frontal des luttes d’hégémonie. Ne pas renouveler les erreurs d’avant 1914 : la mondialisation d’aujourd’hui comme celle d’hier induit en effet une modification rapide de la hiérarchie des puissances. Mais celle-ci doit être gérée avec prudence. Pour cela il ne faut pas seulement « donner du temps au temps », selon la formule de François Mitterrand mais surtout se parler continûment, éviter les incompréhensions et les malentendus et, en toutes choses rechercher l’intérêt mutuel.
A cela deux conditions : faire en sorte que le monde s’organise sur un mode multipolaire et non plus bipolaire, mais multipolaire ordonné. Nous ne devons pas ressusciter la politique des blocs ou une nouvelle guerre froide mais tempérer la compétition normale jusqu’à un certain point, par un nouvel humanisme ce que le général de Gaulle appelait justement « la cause des hommes ».